Entretien avec Claire Wils alias Buzz L’eKlair 🚀

À 41 ans, Claire Wils est un ovni dans le monde du roller et depuis quelques années sa carrière part en orbite. Son surnom de Buzz l’éklair lui va parfaitement car comme le célèbre ranger de l’espace, Claire s’envole littéralement sur ses rollers quad notamment grâce à son passé de gymnaste qui lui permet de mixer la pratique du freestyle et les acrobaties extrêmes.  Voici tout ce qu’il faut savoir sur notre Buzz nationale, une mère de famille hors norme qui a même participé à l’émission Ninja Warrior et qui n’en est qu’à ses débuts !

Peux-tu te présenter pour les lecteurs qui n’auraient pas la chance de te connaitre ?
Je m’appelle Claire, mais dans le monde du roller, on m’appelle Buzz. Je suis maman de 2 enfants, j’enseigne l’EPS dans un lycée professionnel en banlieue parisienne.

Et ton surnom ? Ça vient d’où ?
Mon surnom vient à la base du Roller Derby, où chaque joueuse se trouve un surnom, un peu comme un nom de scène. Moi, on m’a appelée Buzz l’éKlair assez vite, parce que j’avais un peu plus d’expérience en patinage au début, donc je me déplaçais plus vite que mes copines débutantes de l’époque… mais mon avance n’a pas duré bien longtemps !

Raconte-nous ton histoire avec le roller, tes débuts quand tu étais enfant et ta reprise il y a 5 ans ?
Mes débuts en roller, c’était vers l’âge de 10 ans, quand j’allais chez des amis de mes parents. Leurs filles avaient des quads, je leur piquais leur paire et passait mon après-midi à faire des allers-retours devant chez eux… Puis vers l’âge de 12 ou 13 ans je dirais (peut-être même avant ?) j’ai reçu une paire de rollers (toujours des quads) pour Noël. A partir de là, je ne les ai plus lâchés. Toute la journée dans la maison, puis au parc en face, puis dans la rue, pour finalement trouver une bande de copains « quadeurs » à l’adolescence, et ne plus lâcher l’affaire pendant plusieurs années…
Ensuite, j’ai fait une longue pause sportive pour me plonger dans la musique pendant presque 15 ans, mais je continuais parfois à sortir avec les patins aux pieds, pour me déplacer la plupart du temps. Ça va plus vite qu’à pieds, et je n’aimais pas vraiment les transports en commun. Alors la meilleure solution c’était de rouler ! Puis j’ai entendu parler du roller derby (par une amie musicienne justement), et dès que mon fils a eu 3 mois, je m’y suis mise à fond… et c’est là que tout a re-commencé 😉

Pourquoi être restée sur les quads alors que la tendance en skatepark est principalement inline ?
Pour le derby, on était en quad. Et ça m’arrangeais bien puisque j’avais toujours roulé en quad. Et j’ai glissé doucement du derby jusqu’au skatepark, donc j’ai pas gardé les mêmes patins pour les 2 disciplines au début. Finalement j’ai arrêté le derby mais j’avais déjà tous mes repères sur quads, alors pourquoi changer… Et puis aussi, faut bien l’avouer, j’étais une vieille du quad, j’ai toujours revendiqué la discipline, alors je me voyais pas changer. Et puis je les aime mes quads, j’avais pas envie de changer en fait.

Comme Buzz, tu vas aussi vers l’infini et au-delà ou tu te fixes des limites ?
J’ai une fâcheuse tendance à ne pas me fixer de limites… peut-être pas assez selon certain.e.s. Par contre, à défaut de me fixer des limites, je me fixe des tonnes d’objectifs ! Certains ne seront jamais atteints, mais au moins, ça me fait progresser.

As-tu suivi l’évolution du roller agressif en France ?
Pas vraiment, j’ai suivi les championnats en Argentine la semaine dernière, mais je ne m’y étais jamais trop intéressée avant…

Son déclin serait dû à la prolifération de la trottinette selon certains, qu’en penses-tu ?
Je ne sais pas trop. J’ai tendance à croire qu’une discipline n’a pas vocation à en « effacer » une autre…Je pense que toutes les disciplines à roulettes peuvent partager les espaces et s’entendre… Le principal est que les pratiquants agissent pour le mieux de tous…
Et puis y a surement une question de mode aussi. Quand je vois l’essor que le rollerquad prend en ce moment, alors que c’était complètement oublié et que j’avais l’impression d’être la seule à rouler encore avec il y a de ça 10 ans, bah je me dis que tout peut à un moment décliner et revenir…

Selon toi, pourquoi le roller n’est pas encore aux JO alors que le skate et le BMX ont fait leur entrée en 2021 à Tokyo ?
A vrai dire je ne sais pas trop… Peut-être est-ce encore trop méconnu ? Pas assez médiatique ? Trop ‘street’ et pas assez visible ? ça doit être une question de tunes, j’imagine… Des histoires de diffusion pas assez intéressantes… ? Sincèrement je ne sais pas trop…

Ton style est unique, mixer la gymnastique et le roller freestyle est assez percutant. Connais-tu beaucoup de monde dans ce style-là ?
Bah déjà merci, c’est hyper gentil ^^ Je connais quelques rideuses comme moi, et quelques-unes sur les réseaux sociaux aussi. C’est vrai que c’est un bon mélange d’avoir fait de la gym et du roller pour se lancer dans le freestyle…

Le fait que tu sois prof de sport et ancienne gymnaste a certainement contribué un peu pour tes acrobaties mais as-tu un entrainement particulier lié à ta pratique originale ?
J’ai toujours adoré me « planter » sur les mains, avoir la tête en bas… J’ai arrêté la gym certes, mais j’ai jamais vraiment arrêté les acrobaties. J’aime trop la sensation. Du coup je le fais régulièrement pour m’amuser, ça entretient un peu.   J’aimerais pouvoir faire un peu plus de prépa physique à côté, mais j’ai déjà du mal à trouver du temps pour rouler, alors à part quelques exercices à la maison, je privilégie les temps de sport pour aller rouler 😉

Que retiens-tu de ta participation à Ninja Warrior en 2020 ?
Pour le coup, pour Ninja Warrior, je m’étais entrainée. Ça m’a permis d’avoir une vraie bonne condition physique pendant plusieurs mois. Et puis aussi c’était hyper rigolo d’aller se confronter à des exercices nouveaux, faire un peu d’escalade, travailler le grip, etc… J’ai adoré toute cette expérience en général, et c’est même à cette occasion que j’ai rencontré une quadeuse qui m’a accueillie chez elle à Nice et qui est devenue une amie et une grande inspiration (coucou Thaïs ;)) Comme quoi tout se mélange !
Mais bon pour résumer : super expérience sur tous les points !

Tu as une fille de 10 ans et un garçon de 8 ans il me semble. Que pensent-ils de leur mère cascadeuse ?
Je viens de leur demander… Ma fille m’a dit que ça la rendait fière, et mon fils, lui, s’en fiche royalement !

Tu as essayé de les mettre aux sports de glisse ? 

Oui bien sûr, ils ont des roulettes à dispo depuis petits. Ma grande a persévéré et roule en quad elle-aussi maintenant. Elle se débrouille plutôt bien ! Elle m’accompagne au skatepark de temps en temps, et commence à pas mal gérer dans la rampe.
Quant à mon fils, c’est un casse-cou et un touche-à-tout 
l roule en roller inline de temps en temps, mais adore aussi la trottinette, fait du skate à ses heures perdues, et a même réclamé qu’on lui achète un BMX (ce qu’on a fait). Il s’est mis l’hiver dernier au snowboard avec moi et il descendait toutes les pistes de la station à l’aise dès le 3e jour ^^ (fierté pour maman héhé). 
uand on va au skatepark, il ne roule pas 2 fois de suite avec le même engin, et il droppe déjà les rampes en roller et en trott’ !

Tu participes aux contests dans quelle catégorie ? En tant que girl, tu préfères être confrontée aux hommes ou tu milites pour une catégorie pour les filles ?
Je milite pour que tout le monde puisse rouler et se faire plaisir où i.e.l veut et avec qui i.e.l veut ! L’important, c’est de se sentir à l’aise et de se faire plaisir. 
onc je participe aux contests qui s’offrent à moi sans réfléchir aux catégories. Au Nantes Roller Festival, j’ai concouru en mini-rampe avec seulement les quads, puis en Big avec Quads et Inlines mélangés, hommes et femmes mélangés.  Au Pro Bowl de Marseille, j’ai concouru dans la catégorie Pro Femmes, avec seulement des inline. J’étais seule en quad. 
ans l’ensemble, je suis partante pour tous les challenges, et quelles que soient les personnes avec qui je roule, partager les pratiques permet toujours d’avoir de nouvelles idées et de faire des progrès.

Quand on s’appelle Wils, ça ne peut que rouler. Alors que peut-on te souhaiter ?
Haha c’est vrai qu’en y pensant, y’ avait peut-être un truc prédestiné haha !! On peut me souhaiter de pas trop me blesser pour pouvoir durer encore quelques années sur mes roulettes, histoire d’avoir le temps de continuer à progresser et de faire encore quelques beaux contests.

As-tu un message ou un coup de gueule à passer ?
Pas de coup de gueule particulier, peut-être juste un petit message de «vieille», pour encourager au maximum les riders de tous horizons à continuer de partager leur pratique avec bienveillance et indulgence, en particulier envers les débutant.e.s. Et puis aussi ne pas hésiter à intégrer au maximum les filles dans les skateparks, parce que c‘est pas toujours facile de réussir à s’y faire une place et d’oser, quand on est toute seule et pas très expérimentée…

Des gens à remercier ?
Il y en a tellement !    Je remercie les filles Lepresle sans qui je n’aurais peut-être jamais enfilé un roller de ma vie. Je remercie tous les CIB de France (Community In Bowls), qui se donnent corps et âme pour faire vivre et grandir le quad partout en France (et dans le monde) dans la plus grande des bienveillances.  Je remercie Anaëlle Nogueira qui œuvre (trop souvent dans l’ombre) pour le développement du Roller en général, mais aussi beaucoup du Roller Féminin en France.  Je remercie toute la bande de Ride La France, qui organise des rassemblements Roller (tous les âges, tous les genres, disciplines et tous les niveaux mélangés) et qui permettent un partage incroyable dans la pratique. Je remercie bien sur mes sponsors (Nomadeshop et Bontparkstar) sans qui rien de tout ça ne serait possible !  Et je remercie mon ostéopathe (Chloé Bourhis, la best of the bests) qui me maintient d’aplomb malgré tout le boulot que ça implique. Et puis j’ai envie de remercier tous les gens avec qui j’ai pu rouler ici et là. Partager et échanger dans un skatepark ou sur une rampe est ce qui m’a permis de progresser et m’enrichir depuis tout ce temps…

Merci à toi
Photo du haut : © Sebastien Audige

 

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