Depuis l’apparition du Covid et ses restrictions qui empêchent les rassemblements de plus 500 à 5000 personnes (selon les régions), les organisateurs d’évènements ont dû trouver des solutions. Après des annulations en pagaille, beaucoup trop pour qu’on cite tous les events, il fallait bien s’organiser pour que les contests aient bien lieu.
Evoluer ou mourir disait Charles Darwin. Pour certains, la question ne s’est pas posée et le dépôt de bilan a vite été annoncé mais les grosses compètes majeures ont dû se tourner vers internet pour aller de l’avant.
Les contests-vidéos online existaient depuis quelques années déjà, comme le « Master of Creativity » en BMX flat par exemple mais là, c’est l’explosion du concept.
Le FISE a donné le ton et surtout le feu vert pour les autres car suite à l’annulation de la majorité des contests de l’organisateur montpelliérain, ils ont trouvé cette solution innovante et plus juste sur bien des points. Le NL Contest de Strasbourg a suivi le mouvement et les autres compétitions savent maintenant que ce système fonctionne donc ça prolifère et c’est une très bonne chose pour les riders amateurs et pros.
Les X-Games ont baptisé cette compétition 100 % digitale « Real series » alors que c’est plus virtuel que « réel » mais bon, ils ne sont pas à une incohérence près. Il est cependant bon de noter que ce concept de vidéo-contest existait depuis déjà 5 ans chez l’organisateur américain donc ils étaient plutôt précurseurs sur ce coup-là.
Dans un contest traditionnel, tout le monde est logé à la même enseigne et si le sol est pourri ou un module est mal conçu, tous les riders auront le même problème et devront faire avec. Là, chacun a son propre spot donc plus d’excuse.
L’autre avantage d’un contest en ligne est surtout pour une certaine catégorie de riders qui sont plutôt dans la grosse cascade avec forcément, un pourcentage de réussite assez faible et avec ce système, ils ont autant d’essais qu’ils veulent donc plus de chances de réussir et de montrer des gros tricks. Ceux qui avaient l’habitude d’apprendre des figures plus faciles pour être sûrs de les avoir en run à tous les coups, se retrouvent avec une vidéo moins attractive pour le coup.
La question qu’on peut se poser est de savoir si, une fois qu’on aura trouvé un vaccin au virus, on reviendra au format classique de compétition avec du public et un lieu unique ?
Il est certain que ça va servir de leçon et que ceux qui y voyait des avantages, vont faire en sorte que ce format perdure. Car il nécessite forcément moins de frais, de contraintes et de temps à organiser. Mais les cris de la foule hystérique en transe devant la folie d’un run réussi ne sont possibles que lors d’un gros event en live et pas devant un écran d’ordi ou de téléphone.
Le grand point positif de ce nouveau format de compétition est que tout le monde peut participer. Du moment qu’on a accès à internet et une caméra, on peut participer à une compétition internationale et ceux qui n’ont pas les moyens de voyager sont maintenant considérés au même titre que les pros sponsorisés. C’est donc plus équitable et plus juste pour les riders qui vivent dans des pays en voie de développement (je pense notamment à nos amis d’Afrique et certaines régions d’Asie).
Un autre avantage, c’est qu’il n’est plus question de stress car on a autant d’essais qu’on veut pour réaliser le run parfait et surtout, on ne ride plus devant un public qui nous juge dans les moindres détails. On est aussi certains de voir plus de tricks impressionnants grâce au nombre d’essais possibles.
Le gros point négatif est bien entendu l’absence totale de convivialité et l’ambiance qu’on peut retrouver sur un contest.
Et puis les pros du montage vidéo sont avantagés car si en principe, on doit faire un run en plan séquence, c’est à dire qu’on a 2 ou 3 minutes dans les conditions d’un run de compétition, il n’est pas rare de voir des riders qui utilisent certains stratagèmes bien connus des monteurs vidéo pour tricher un peu et couper là on ça les arrange (mais je vous ai rien dit).
Ceux qui privilégient autant le fond que la forme sont aussi avantagés car si on a la chance d’avoir un beau décor et un beau montage, ça peut aider à faire pencher la balance.
Dans la rubrique des « contre », il y a aussi le montant du prize money qui est souvent plus faible car il est plus dur de trouver des sponsors et partenaires pour un contest digital.
Le FISE a eu la bonne idée de faire participer les internautes aux votes et du coup c’est la popularité des riders qui prévalait sur le niveau réel du gars, bref, il fallait avoir des amis pour gagner, pas du talent. Ensuite, ils se sont bien repris et les résultats s’avèrent plutôt justes et coïncident avec ce qu’on aurait pu voir sur le podium.
Dans certains sports, il n’y aura eu aucun contest live en 2020 et il est possible que cette tendance se poursuive en 2021 alors les contests online sont une solution temporaire ou évolution naturelle ? Plus ou moins, les deux mais il est vrai que la compète de la notoriété se jouait déjà par écrans interposés avec comme armes, Instagram, Youtube et Tic Toc au premier plan. La suite paraissait logique mais on ne désespère pas retrouver un jour nos bons vieux contests et jams à la cool avec les potes. Parce que l’unique point fort et la principale raison de se rendre à une compétition, c’est de retrouver ses amis et la famille des riders qui ont souvent une communauté très soudée. Les résultats importent peu dans nos sports, on ne s’en rappelle jamais et on s’en fout un peu (à part quelques exceptions comme partout), ce qui compte réellement c’est de retrouver ses amis et pas de les juger sur un écran de smartphone.
Le FISE fait un travail fantastique pour le développement des sports urbains en France et dans le Monde mais on a hâte de retrouver la frénésie et l’ambiance survoltée de Montpellier en live. Croisons les doigts pour 2021 en espérant qu’un nouveau virus ne vienne pas gâcher la fête.