Interview de Marion Haerty, championne du monde 2017 de snowboard freeride
Elle est Française, championne du monde 2017 sur le prestigieux Freeride Word Tour (FWT), et va défendre sa couronne à partir du 31 mars, sur le mythique Xtreme Verbier. Elle, c’est Marion Haerty, une snowboardeuse pétrie de talent, dont le parcours méritait bien une interview… Actuelle deuxième du ranking sur le FWT derrière l’Italienne Arianna Tricomi, Marion rêve de doubler la mise, en se faisant plaisir et en donnant le meilleur d’elle-même.
– Marion, peux-tu te décrire en quelques mots pour les gens qui ne te connaîtraient pas ?
Bonjour chers lecteurs, Je fais du snowboard depuis maintenant 16 ans, j’ai commencé à Chamrousse à côté de Grenoble, je suis passée par plusieurs disciplines entre boardercross et slope style. Maintenant, je m’amuse à trouver les plus belles lignes à faire en collaboration avec la montagne.
-Pour tes 10 ans, tu as reçu un snow sous le sapin… Que t’es-tu dit à ce moment-là ?
Super ! Je vais pouvoir mettre la pâtée à mon grand frère.
-Tu étais impressionnée par Margot Rozies et Vicci Miller notamment. Qu’est ce qui te plaisait tant chez elles ?
Leur façon de faire du snowboard, l’art de vivre autour de ce sport, les voyages, l’énergie qu’elles mettaient dans cet amour de la glisse m’impressionnait…
-Premières compétitions à 13 ans, premiers sponsors à 17 ans… C’était important pour toi de goûter à l’ambiance des contests ?
J’ai très vite goûté à l’ambiance des contests, puisqu’au club de Chamrousse on nous emmenait faire tous les types de compétitions dans la région Rhône Alpes. J’ai automatiquement grandi avec la compétition pour me pousser à mon plus haut niveau.
-Tu as tenté le coup de la qualif’ pour Sochi en slopestyle… Ca reste un regret de ne pas avoir pu accéder à l’épreuve olympique ?
Je ne regrette pas d’avoir loupé mon ticket de Sochi avec tout ce que m’apporte le freeride aujourd’hui. A l’époque je l’ai vécu comme un vrai échec, difficile à digérer, mais j’ai eu l’envie de rebondir et utiliser ma façon de glisser différemment. Ce n’était tout simplement pas pour moi ou, du moins, je n’avais pas les capacités mentales et physiques pour atteindre cet objectif. Me préparer pour Sochi m’a fait prendre conscience de ce que signifiait d’être un athlète, j’ai appris beaucoup sur moi-même.
-As-tu suivi les résultats des slopestyleuses à Pyeongchang, et de notre Frenchie Lucile Lefevre ?
Bien entendu, j’étais à fond derrière Lucile, connaissant le parcours qu’elle a eu depuis toute petite, je lui tire mon chapeau au plus bas. J’en avais des frissons de voir sa bouille à la télévision… J’ai eu la chance de partager des entraînements et compétitions avec elle, c’est une femme incroyable avec beaucoup de talent et une hargne incomparable !
.– Après le slopestyle, tu t’es engagée vers les compétes freeride FWQ, et là tu vis un rêve : tu es très vite propulsée sur le FWT, en remplacement d’une rideuse blessée … As-tu ressenti de la pression ou as-tu réussi à rester cool ?
Honnêtement, j’ai pris cette invitation comme un bonus, je n’avais aucune pression car ce n’était pas attendu du tout de me retrouver avec une invitation en poche deux jours avant la première étape. J’ai très vite accroché sur l’ambiance du FWT, cette communauté de freerideurs qui rassemblent de belles personnes, ce rapport avec la montagne que l’on ne retrouve pas forcement lorsque que l’on reste sur un snowpark.
-Quelles sont d’ailleurs les qualités à avoir pour performer sur le Freeride World Tour ?
Chacun a ses propres qualités pour performer sur le Tour, personnellement je pense que l’entretien de la notion de plaisir et d’amour pour son sport restent ce qui permet d’avoir les meilleurs résultats en compétition.
.– Comment définirais-tu ton style ?
Crossover haha bonne question, j’aime toucher à tout et pouvoir explorer mes capacités sur une planche.
-Qu’a changé ce titre mondial dans la perception que les gens, les sponsors et les autres riders ont eu de toi ?
Peut être un peu plus de sérieux sur certaines choses. Il y a une différence entre être championne du monde de freeride via le FWT et savoir faire du freeride sur Chamonix par exemple. Je ne me sens pas encore crédible dans ma discipline quand je parle de montagne, cet univers est encore nouveau pour moi et j’ai tout à apprendre.
– Que fais-tu de ton temps lorsque la saison de Freeride World Tour s’achève ?
Je continue mes études en Master entrepreneuriat et commerce sur Annecy à Mbway, je prends le temps de voir mes proches et de partager auprès des jeunes de mon club ce que je peux apprendre de ma carrière de snowboardeuse. A coté j’essaie de lire un peu la montagne autrement, que ça soit en parapente, en escalade ou en randonnée.
Tu as déclaré dans une interview à Paris Match que ton objectif était de rider comme le champion du monde en snowboard freeride… Que comptes-tu mettre en place pour y parvenir ?
Oui c’est une façon pour moi de me tirer vers le haut et de ne pas m’asseoir sur mes acquis, j’espère pouvoir un jour plaquer le run de mes rêves à la Sammy Luebke. Pour ça j’essaie de suivre les copains, d’avoir un physique prêt à suivre toutes mes chutes de la saison et une tête solide.
– Que penses-tu du niveau général des snowboardeuses sur le Tour ?
Il y a une belle émulation, les filles se poussent entre elles et se motivent, je suis heureuse de voir le niveau que le freeride prend d’année en année !
-Si on te donnait une baguette magique et que tu avais la possibilité d’exaucer trois vœux liés au snow, quels seraient-ils ?
Connaître les avalanches à l’avance qui risquent de se déclencher, voir plus de filles prendre confiance en elles pour venir se faire plaisir à glisser sur le côté et donner plus de moyens aux enfants qui souhaitent débuter.
-Tu viens de gagner l’étape de Fieberbrunn sur le FWT 2018… Es-tu à 100% satisfaite de ton ride ?
Je serai satisfaite de mon ride quand j’aurai un run noté à plus de 90 points !
.-Que peut-t-on te souhaiter pour la suite de la saison ?
Beaucoup de bonheur, de découverte, d’enrichissement personnel et au contact des autres, mais aussi beaucoup de belles lignes.
– Le mot de la fin ?
« Qui ne tente rien n’a rien » !