Stéphane Meneau alias Shogun répond à nos questions.
Vers la fin des années 80, je rencontrais cet énergumène un peu partout sur les spots de BMX parisiens. Facilement reconnaissable avec son cri de guerre « Shogun » et sa capacité à tout tenter, Stéphane s’est rapidement fait connaitre au fil des années et n’a jamais lâché son fidèle destrier. Aujourd’hui, le Dennis McCoy français revient sur le devant de la scène, encore plus en forme, motivé et déterminé à tout casser. Et évidemment on le soutient à fond dans sa démarche. Voici quelques infos sur le meilleur rampe-rider français et surtout un bmxer ultra polyvalent :
Comment as-tu découvert ce fabuleux sport qu’est le BMX ?
Eté 1984, location d’un bicross pour une course sur une petite piste de camping. J’ai gagné ma première coupe mais j’ai surtout, sans le savoir, gagné un fidèle compagnon, une passion qui n’a fait que grandir depuis.
Qu’est-ce qui t’as séduit dans ce sport ?
Je faisais déjà des sauts avec un vélo de ville (RIP), et là enfin il y avait un engin spécialement conçu pour ça. C’était de toute évidence un bicross qu’il me fallait. Et chaque évolution du matériel ou de la discipline ouvraient de nouvelles possibilités et de nouveaux terrains de jeu.
Quelques mots sur ton parcours de ces trente dernières années ?
Pas facile… j’ai suivi l’évolution du freestyle et de ces divers facettes, débuts en flat puis rapidement en rampe. Ensuite se sont ajoutés le street, la mini, le park, le trail et maintenant j’apprécie de continuer à toucher un peu à tout, avec une préférence pour tout ce qui est aérien. Beaucoup de contests (champion de France, champion du monde), de démos, de jams un peu partout… et quelques traumas crâniens aussi. J’ai toujours eu un pied dans le monde associatif et aimé créer des rassemblements pour les riders. Il y a 30 ans je m’occupais d’un club en région parisienne, aujourd’hui mon asso vendéenne fête ses 11 ans, il y a eu entre les 2 le projet du park de Lyon Gerland et les VRAC JAM. Tous ces projets et ces rassemblements sont à chaque fois de super expériences.
Dans le civil, marié 2 enfants (qui ont maintenant quitté le nid) et full time job en informatique depuis toujours.
Ton meilleur ou pire souvenir en BMX ?
Mon meilleur souvenir de spectateur : sans nul doute le 1er flip de Matt à Bercy en 90, nos cris raisonnent encore.
Meilleurs souvenir de rider : le tail tap to nose pick sur le wall des V.U. 2017. Un mélange d’excitation, de grosse concentration puis de joie quand ça passe, avec une énergie et une ambiance incroyable.
Pire souvenir : 1997, attendre 9 mois pour réparer un genou c’était déjà une grosse épreuve mais se le péter à nouveau 3 semaines après la reprise a été très dur à encaisser.
Que t’as apporté ce sport à titre personnel ?
De la richesse à tous les niveaux (sauf financièrement 😊), des voyages, des rencontres, des expériences inattendues, des moments et des souvenirs très forts. Le BMX m’a permis de mieux me connaître physiquement et mentalement, d’identifier mes limites et de réussir à les dépasser.
Avec un niveau largement au dessus de la moyenne, pourquoi n’es-tu jamais passé professionnel ?
J’avais bien tenté de rouler à plein temps en 1996, mais c’est une période ou à part quelques démos il était compliqué de décrocher des tunes. Puis grosse blessure et retour à une vie d’informaticien puis de père de famille. J’étais ensuite content de séparer mon travail et ma passion, et j’ai la chance d’avoir depuis toujours un soutien total de ma femme puis de l’ensemble de notre famille. J’ai maintenu cet équilibre jusqu’à aujourd’hui avec une totale liberté autour du BMX. Paradoxalement c’est maintenant que je me sens prêt à mettre le riding bien plus au centre de mes activités.
J’ai l’impression que le star-system, ça n’a jamais été ton truc non ?
C’est vrai que ça m’a toujours gonflé quand quelqu’un me présente comme le champion de vélo. Passionné oui, champion on s’en fout. J’apprécie tout de même d’être reconnu pour ce que je suis capable de faire et c’est toujours flatteur d’être mis en avant de temps en temps. Mais ça c’était avant 😊…. je pense maintenant davantage jouer le jeu de la médiatisation, pour déclencher de nouvelles rencontres et de nouvelles expériences.
Avec un petit coup dans le rétroviseur, y a-t-il des choses que tu aurais faites différemment ?
Non, je suis très heureux de la façon dont les choses se sont déroulées jusqu’ici, je ne regrette ni les aléas de la vie ni les décisions prises. Il y a bien une chose qui aurait été cool, c’est d’ajouter un petit voyage au States vers 94 pour aller rouler un Bicycle Stunts avec le crew de l’époque (Boris, Bones et John).
Sans plonger dans le nostalgique, quelle époque était la meilleure pour toi qui les as toutes connues ?
Sans hésitation la période morte des années 90. Il n’y avait plus de matos, plus de magazine, très peu de riders mais tout le monde était motivé à bloc, la scène française était vraiment soudée. Certains roulent encore d’autres non, mais le BMX reste une passion qui nous lie encore aujourd’hui.
Comment as-tu perçu l’évolution du BMX depuis trente ans ?
De façon très positive, chaque période a apporté du renouveau et de la progression, soit au niveau du matériel soit dans la pratique. C’est une vraie chance d’avoir pu suivre ces évolutions et en bénéficier.
Aujourd’hui s’équiper et trouver des spots est hyper facile, les riders ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont et du chemin parcouru pour en arriver là. Le plus impressionnant reste la constante progression de toutes les disciplines depuis leur création, c’est juste dingue.
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Et comment vois tu la nouvelle génération ?
Elle m’impressionne par la facilité avec laquelle elle progresse. J’aimerais qu’elle soit parfois plus curieuse et moins spécialisée / catégorisée : soit Street, soit park, soit trail, …
Je roule principalement avec des riders plus jeunes et c’est motivant. Spéciale dédicace à Lucas mon jeune padawan. Je suis toujours aussi impressionné par sa motivation et son potentiel, le genre de rider qui apprends 3 nouveaux tricks par session. On roule souvent ensemble et on a fait un paquet déplacement, ces 2 ou 3 dernières années. Je suis très heureux de partager mon expérience et en échange il bouscule aussi mon riding.
Comment expliques-tu que tu n’as jamais renoncé au riding ?
Jamais je ne me suis posé la question, j’ai la chance de pouvoir physiquement continuer à progresser, ça suffit à renouveler continuellement ma motivation.
Qu’est-ce qui te pousse à sortir ton bike à presque 50 ans maintenant ?
C’est juste vital. Quelle que soit la situation ou les blessures, le soir tu fermes les yeux pour t’endormir, l’image de ta prochaine session est déjà présente. L’envie de rouler reste intacte, et il y a encore tant de chose à essayer.
Prends-tu toujours autant de plaisir à rider ?
Je dirais plus qu’avant, puisque tu as conscience du chemin parcouru et qu’un certain compte à rebours est en marche. Donc chaque session, chaque nouveau trick est une petite victoire sur l’obsolescence programmée.
Existe t-il des tricks que tu n’as jamais rentré et qui te hantent encore ?
Oh oui : hang five en flat (c’est pourtant basic) et cancan lookback en vert, j’ai souvent bataillé sans succès, mais je n’ai pas dit mon dernier mot dans les 2 cas 😊. Et puis il y a un certain nombre de trucs que je n’ai jamais essayé et que je compte bien tenter ces prochaines années, la liste est assez longue il va pas falloir trainer.
Combien de temps encore penses-tu rider ?
En continuant un entretien physique régulier je me vois encore faire des flips dans 10 ans, je sais que je continuerai aussi longtemps que mon corps me le permettra et tant que le plaisir et l’envie seront là.
Ton rêve le plus fou en BMX ?
Me donner les moyens de cocher tout ce qu’il y a sur ma liste : les tricks, les spots à visiter aux 4 coins du monde, les sessions avec quelques idoles et 2 ou 3 gros défis …
Une vie de voyage, avec ma petite femme et mon petit vélo….. en somme mener une vie de pro rider à 50 ans ( !?)
Et à part le BMX, as-tu d’autres passions ?
Je m’occupe également d’un FalLab associatif, un lieu dédié à la création, aux nouvelles technologies et au numérique, j’aime tout ce que touche et à la créativité. Je me suis aussi mis au skate il y a un an, avec une belle et douloureuse progression, mais je vais me calmer pour ne garder mes forces que pour le BMX.
Quels sont tes projets maintenant ?
Continuer à partager ma passion avec la jeune génération, et surtout m’investir à 100% pour que mon rêve le plus fou devienne une réalité.
Un message pour les nouveaux riders ?
Prenez votre temps, faites les choses dans l’ordre… en 1 tu apprends les bases : un peu de flat, savoir sauter, faire des airs, etc, …et seulement ensuite tu tentes des tricks. Et explore toutes les facettes du BMX, chaque discipline te fait progresser… et va faire un peu de vert surtout.
Et pour les papys du BMX ?
On lâche rien les gars !!!
DMC et José Delgado ont largement ouvert la voie, no limit…
Merci à toi