Le coup de gueule féministe de Anne-Flore Marxer

L’éternelle polèmique est de retour et elle a fait à nouveau un bruit retentissant. Dans le webzine neufdixieme.com, la snowboardeuse Anne-Flore Marxer (championne du monde 2011 sur le Freeride World Tour) a évoqué le 7 décembre son combat pour trouver sa place dans un monde d’hommes, pour l’égalité des prize money et pour que la parole de la sportive ne soit pas baillonnée. Réduire une surfeuse à une simple paire de seins ou de fesses est tentant pour bon nombre de médias généralistes ou spécialisés, oubliant que derrière le physique se cache souvent une redoutable compétitrice.
Seins à l’air, « World Champ vs boobs » écrit sur son torse comme les célèbres Femen, Anne-Flore Marxer a décidé de se battre. Pour elle, pour ses camarades sportives, pour l’avenir du sport et du monde. Car en la matière, les femmes partent de loin… « Faut-il être mannequin pour surfer ?», se demandait dans un article du 21 novembre le magazine Les Sportives. La snowboardeuse franco-suisse a la chance d’être une très belle femme mais ce n’est pas sur cet atout qu’elle devrait être jugée en compétition ou pour une éventuelle parution presse.

Surexposées médiatiquement, les surfeuses jouent toutes un jeu dangereux, flirtant avec la tentation du mannequinat avec le risque de les classer dans la case « bikini girl », comme Alana Blanchard ou Anastasia Ashley. Quand ce ne sont pas les marques qui leur imposent des tournages vidéos les cantonnant à un rôle de femme-objet.
Le meilleur exemple est sans doute ce teaser de promotion du Roxy Pro Biarritz 2013, avec la multiple championne du monde Steph Gilmore filmée en sous-vêtements au saut du lit puis sous la douche ou encore la récente vidéo Billabong avec les surfeuses qui jouent un remake de « Alerte à Malibu » en courant au ralenti sur la plage avec un maillot échancré (même si je ne suis pas sûr qu’on les ait beaucoup forcées à le faire…).

Alors, Anne-Flore Marxer s’est rebellée. Déjà, le 22 décembre 2011 dans Fluofun, la Franco-Suisse déclarait : « Bien sûr que je suis féministe ! Et je pense franchement que si une femme moderne n’est pas féministe, elle est dans la merde. Au final être féministe c’est juste vouloir la même chance et être traitée pareil, c’est juste ça. »
Et Anne-Flore de rappeler dans l’entretien du 7 décembre 2017 : « Je me souviens avoir gagné une compétition avec un rodéoback 540, juste un demi-tour de moins que le vainqueur chez les hommes qui gagnait avec un rodéoback 720. Lui a gagné un trip à Hawaii et moi, un tee-shirt… Quand le mec gagnait 2000 dollars de prize money, je gagnais un sac à dos se transformant en pelle. J’ai tout de suite trouvé ça scandaleux. »

Alors, Anne-Flore a décidé de l’ouvrir et d’agir, avec une image forte dénonçant « la sexualisation des femmes dans le sport. » Car le problème est bien là. Considérer la sportive comme un bout de viande, l’utiliser pour vendre du papier et faire du clic, à coups de poses lascives et de gros plans avantageux, le raccourci est facile et largement utilisé par les organisateurs d’événement, les médias et les sponsors.
Les sportives jouent le jeu, faute de choix, se considèrent toutes comme rideuses avant d’être mannequins, mais quand elles se rebellent, cela fait mal. A l’image de ce clip explosif de la surfeuse française Pauline Ado, dans lequel elle s’insurgeait elle aussi contre la sexualisation des sportives.

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Anne-Flore Marxer, sportive féministe mais surtout sportive tout court, a donc décidé de mettre les choses au point, de s’indigner, de ne pas laisser passer pareil diktat. « Une femme comme Shannan Yates, double championne du monde, est infirmière pour gagner sa vie. Elle prend des congés pour participer aux compétitions. La plupart des filles du circuit rament et bossent pour se payer la logistique des compétitions et pendant ce temps-là ces messieurs font de l’hélico tous frais payés en Alaska… », tacle t-elle encore sur neufdixième.com.
Anne-Flore n’a pas la langue dans sa poche, et use beaucoup d’énergie à défendre la cause féminine. A raison : capables de prouesses colossales, les rideuses méritent le plus grand des respects.

Une histoire qui nous rappelle le thème du film Battle of the Sexes actuellement au ciné qui parle du combat de la joueuse de tennis américaine Billie Jean King qui s’était indignée que les femmes ne gagnaient que 10% du prize money des hommes à l’époque (1973). Les choses ont bien changé depuis, notamment grâce aux actions menées par ces femmes que nous soutenons bien évidemment ici.

Crédits : Neufdixieme/Domdaher