Avant toute chose, je signale que le terme « player » correspond aux types qui mouillent le maillot en short sur un terrain. Je ne parle en aucun cas des addicts de jeux vidéos qu’on qualifie du même nom mais qui ne mouillent pas grand chose. Si on devait faire un match qui les oppose aux riders, il serait déjà terminé et l’affaire serait bâclée en deux lignes. On ne compare pas la réalité et le virtuel. Les riders vivent des aventures, j’irais même jusqu’à dire qu’ils vivent tout court. Alors que les gamers vivent des aventures par procuration au travers d’avatars et le seul risque qu’ils prennent dans la vie c’est que leur femme se barre ou fasse une crise de nerfs.
Le mondial 2018 se profile, alors forcément, vous allez ressortir le ballon rond dés que possible. On ne peut pas vous en vouloir plus que ça puisqu’en fin de compte, vous faites partie de la majorité. La plupart des gens sont comme vous, des sportifs du dimanche, et parfois plus si affinités. Mais il existe une autre voie. Celle du freestyle, du ride, de l’extrême et du dépassement de soi.
L’un n’empêche pas l’autre, c’est certain mais en général, quand on a goûté au grand frisson ou à une sensation extrême de liberté, il est rare qu’on retourne s’inscrire à un club de judo ou de badminton.
Alors ce top n’est pas du tout objectif puisqu’il est écrit par un rider, passionné de sports de glisse depuis une trentaine d’années donc je vais tenter d’être indulgent et d’épargner autant que possible ces pauvres personnes qui font un sport classique. Après, tout ce ne sont que des victimes qui ne savent pas ce qu’elles perdent.
Voici donc une petite liste d’arguments pour vous mettre à un vrai sport d’homme, non je déconne bien sur. Je me rappelle qu’une fois, je me suis cassé un ongle au ping-pong (ce qui est malheureusement vrai…).
1 – Le rider ne « joue » pas.
Oui car on dit un « joueur de foot ou de tennis » et pas un « joueur de surf ou de BMX ». Le gars qui pratique un sport extrême n’est pas un joueur, il fait un sport où on prend des risques et où on peut parfois mettre sa vie en danger. Il y a très peu de morts ou de blessés graves en football ou au tennis alors qu’on en déplore beaucoup, beaucoup trop chez nous. Et si vous suivez nos news, vous savez à quel point ça nous affecte et encore on ne parle pas de tout le monde sinon on ferait que ça…
L’une des principales différences entres ces deux types de sport, c’est surtout le fait que d’un coté, on retient surtout le résultat et de l’autre, on ne se rappelle que de la performance. Le classement à un contest n’intéresse personne alors que la seule chose qu’on veut savoir d’un match, c’est qui a gagné. Pas comment étaient les buts.
2 – Une limite ? Quelle limite ?
L’essence même du rider est de chercher, trouver et dépasser ses limites. Aller au delà de ce qu’on pense possible. Juste en rêver, y croire et l’accomplir. Ce qui définît le rider, c’est évidemment le dépassement de soi, une quête personnelle d’un sommet qu’on pensait impossible à gravir et sur lequel on a finit par planter un drapeau.
Je suis prof de BMX et quand j’ai des nouveaux élèves, je leur dit que maintenant, ils ont choisi d’être « rider », c’est à dire qu’ils ont décidé de se mettre en danger. De prendre des risques. Des risques qu’ils n’auraient jamais pris en jouant au volley-ball ou n’importe quel sport traditionnel. Des risques qu’ils n’auraient jamais pris dans la vie tout simplement. Là, ils vont descendre une rampe de 3 mètres le premier jour et si ça se passe mal, c’est direct l’hôpital. Et d’ailleurs le port des protections prouve bien que ce sont des sports à haut risque. Je me rappelle d’un Championnat du monde de BMX où la totalité des finalistes en vert avaient terminé sur une civière. On peut vraiment parler d’engagement à ce compte là car c’est souvent celui qui prend le plus de risques qui l’emporte. Difficile d’imaginer pareille situation ailleurs que dans un sport extrême.
Par contre, la récompense vaut largement le coup. Car quand vous dropez cette rampe pour la première fois, que ce soit en skate, bmx, ou roller, vous vous en rappellerez toute votre vie tellement les sensations sont bonnes et inoubliables.
En bref, la principale raison de pratiquer un sport extrême c’est qu’une fois qu’on a trouvé sa limite et qu’on se dit « ça non, j’en suis incapable », et bien ce sport fait que vous allez le faire quand même, sinon vous ne seriez pas là.
Le revers de cette médaille d’or peut aussi être l’inverse. À force de se dire qu’on n’a plus de limite, parfois on va trop loin. Et c’est le saut de trop, la rotation de trop, ou un vol trop près des parois rocheuses et cette limite ne sera plus jamais dépassée. Ou alors par un autre car malheureusement vous ne serez pas là pour le voir.
3 – Apprendre et rester un enfant
La progression, un mot qu’on entend et emploie souvent dans nos sports. On n’a jamais fini d’apprendre. Regardez Kelly Slater avec son aerial chelou il y a quelques temps ou encore certains riders qui trouvent des nouveaux concepts à plus de 40 ans. À la seconde où on sort son bike ou sa board, on sait qu’on va en sortir grandi et qu’on rentrera plus fort. On ne va pas juste taper la balle entre potes ou sur un terrain devant des millions de personnes. On y va pour soi. Seul avec sa monture et son objectif. Rentrer avec ce nouveau trick qui nous obsède. Et une fois que cette figure est validée, on passe à une autre car le but est toujours de progresser, se sentir plus fort qu’on était en partant.
Essayer, tomber, réessayer, retomber, rester à terre, réfléchir, s’adapter, perdre la foi, abandonner, se faire mal, renoncer mais repartir, trouver la faille, y croire à nouveau, persévérer, se faire encore plus mal et crier de rage puis finalement hurler à nouveau mais de bonheur. C’est ça le ride. Réussir ce qu’on pensait impossible et réaliser ses rêves les plus fous.
Rentrer chez soi avec les jambes en sang mais la banane sur le visage. Pas besoin d’expliquer ça à un sportif classique car il ne vivra jamais cette sensation. Ça ne s’explique pas, ça se vit.
Rider vs playerEt on en sort grandi. C’est ce qui différencie l’enfant du vieux. Être vieux, ce n’est pas une question d’âge, pas du tout. C’est une question de mentalité. On devient vieux quand on regarde en arrière et qu’on pense avoir tout appris sur la vie. On peut être jeune à 80 ans si on tente des choses nouvelles chaque jour et qu’on se lance des nouveaux défis. Continuer de penser qu’on ne sait rien et qu’il faut encore apprendre, c’est rester jeune et c’est ça qui fait progresser. Quand vous penserez que tout est acquis, alors vous serez vieux et vous régresserez. Les riders sont des enfants qui refusent de grandir, c’est tout et ils ont bien raison. On verra plus tard pour devenir un vieux con.
4 – Vous allez voir du pays.
Oui car le rider voyage, beaucoup même. Nos sports sont internationaux, comme le tennis ou le foot bien sur mais pratiqués par beaucoup moins de monde donc si vous êtes vraiment passionné et doué, vous pouvez rapidement participer aux contests en dehors de votre pays. Et la principale raison qui fait que vous allez découvrir des nouveaux horizons, c’est que les sports de glisses sont souvent communautaires. Sans être sectaires, ces sports sont pratiqués par des personnes qui échangent et aiment se retrouver. Qui aiment aussi accueillir des personnes qui partagent leur passion. Donc où que vous soyez dans le monde, vous trouverez quelqu’un prêt à vous héberger et vous aider. Car il sait aussi qu’en retour il pourra squatter votre canapé un jour. Les riders sont plus qu’une communauté, c’est une famille et vous pourrez toujours compter sur eux. Quel que soit l’endroit.
5 – Un règlement ? Quel règlement ?
Dans un sport en perpétuelle évolution, difficile de définir des règles. Et de toute façon, les riders s’en tapent. Règlement ou pas, il sera contourné et vite oublié. Les sports de glisse sont pratiqués par des personnes plutôt marginales qui en général, se soucient peu des lois. Et cela même en contest. Prenez le dernier FISE par exemple. Le type qui finit son run en jumpant dans l’eau, on le note comment lui ? À partir du moment où on ignore ses limites, en principe on se fout un peu de savoir si ce qu’on fait est légal ou pas.
Certains sports sont difficiles à encadrer, le street en skate ou le flat en bmx par exemple. On n’est pas prêt des les voir aux JO car les organisateurs vont se casser les dents pour trouver comment les noter et les discipliner.
6 – Rebel attitude
Comme je le disais plus haut, le rider est avant tout un rebel qui ne se plie pas aux lois de la société. Il les crée ou les défonce, au choix. Et forcément, la tenue vestimentaire va de paire.
On n’imagine pas Djokovich arriver sur le cours de Roland Garros avec un t-shirt noir arborant une tête de mort et un gros Fuck alors que chez nos charmants amis des sports de glisse, c’est limite classique et ça ne choque personne. Matthias Dandois qui fait un double doigt d’honneur à la foule pendant un run de championnat du monde, ça fait marrer tout le monde alors que le même geste pendant un gros match de foot, ça ne passerait pas aussi facilement. Et forcément, le style vestimentaire suit cette attitude.
Si chez les footeux, la sacro-sainte trinité reste le combo « Moustache/coupe du mulet/accent marseillais », chez les riders, on peut sans prendre de risque parler de classe internationale !
kelly slaterEt la mode ne s’y trompe pas car aujourd’hui toutes les marques de prêt-à-porter font du surf ou skate wear. Si vous déboulez en soirée avec des crampons aux pieds et un short flottant, ça fera moins d’effet qu’avec un total look rider. Même si vous passez la soirée en combinaison de surf et lunettes de soleil, vous aurez plus de chance de pécho car le rider fait rêver, on ne peut pas le nier. Le style rebelle a fait ses preuves et le monde de la glisse y est pour beaucoup. Les riders anticipent ou créent les modes, c’est un fait avéré. Il n’y a pas plus avant-gardiste que les skateurs qui sont souvent à la base des tendances par exemple. On peut citer le Baggy, le slim, le style punk ou prochainement les chaussettes hautes. Il n’y a qu’à regarder comment s’habillent les riders pour connaître la mode de demain.
Et comme je le disais ça facilite beaucoup les rencontres car le surfer fait fantasmer. Quand on pense à un rider, on imagine de l’aventure, de la performance et du danger donc ça impressionne forcément. Je dis pas qu’une perruque blonde et un t-shirt Quik va vous aider à emballer mais vous aurez toujours plus de chance qu’avec des protège-tibias et un maillot du PSG…
7 – Rider un jour, rider toujours
Si vous n’avez toujours pas été convaincus par ces arguments en faveur des riders, sachez qu’il y a un autre avantage. C’est que cette passion vous emportera et cela pour un bon de temps. En fait elle ne vous quittera plus. Les sensations sont tellement fortes que nous n’en démordrez pas. Que ce soit le fait de s’envoyer en l’air avec une moto ou en sautant d’un avion ou simplement le bonheur de progresser et d’apprendre un nouveau trick. C’est mieux qu’une drogue et vous serez vite accro. L’adrénaline n’est pas une drogue qu’on peut ou qu’on veut réprimer. Même vieux, vous y penserez et vous y retournerez. Un rider garde sa board ou son bike toujours prêt de lui. Au cas où. J’en connais qui n’y touchent qu’une fois par an mais n’allez pas leur dire qu’ils ne sont plus des riders. C’est une dépendance qui vous collera pour toujours et ça vous le savez. Vous savez aussi que ça plaira à votre conjoint(e) car un rider est aussi un sportif avant tout avec le corps de rêve qui va avec et ça les amis, c’est pas négligeable !
Comme je vous disais, cet article n’est pas vraiment impartial car avec mes 30 ans de ride derrière moi, j’ai du mal à être objectif et il se pourrait que j’aie omis certains avantages des sports traditionnels comme par exemple le fait qu’un joueur de foot pro gagne 100 fois plus qu’un surfeur pro mais ça reste un détail.
Bon allez, il commence à quelle heure ce match de foot ?