J’AI RENCONTRÉ TOM LORS DU FINIST’AIR SHOW 2016 EN BRETAGNE ET NOUS AVONS EU LE TEMPS DE DISCUTER UN PEU.
Thomas revient sur sa carrière, ses victoires, ses doutes et ses projets. Mais notre champion français nous parle aussi de ses autres passions, notamment la chute libre et aussi un peu de ses difficultés avec les filles…
Est ce que tu peux te présenter ?
Alors je m’appelle Tom Pagès, j’ai 31 ans, je suis vieux. Je fais du freestyle moto-cross c’est à dire des figures avec une moto. Je prends des rampes avec des jumps qui m’envoient à 10m de haut et j’essaie de faire les meilleures figures, les plus innovantes et gagner avec ça…
C’est quand même un sport super dangereux, pourquoi prendre autant de risques ?
C’est le but de ce sport et de tous les sports un peu extrêmes, s’amuser en prenant un peu de risques, de jouer avec ses propres limites parce que sur la moto on est seul face à soi-même et si on va faire ces choses-la c’est parce qu’on le veut et c’est là qu’on trouve le plaisir.
Est ce que t’arrives de temps en temps à repousser tes limites ?
J’essaie constamment de repousser mes limites. Quand je fais pas ça, c’est que je suis un peu dans l’ennuie et c’est moins drôle. Après mes limites c’est aussi au niveau du risque en travaillant de nouvelles figures mais aussi repousser mes limites juste en travaillant et en me demandant si je suis capable d’aller travailler autant et d’aller gagner la compétition. Donc en fait je trouve qu’on dépasse ses limites constamment que ce soit dans la difficulté et la dangerosité de la figure ou dans la partie travail.
Parce que justement tu es plutôt spécialisé dans la partie création, c’est ça ton argument principal, ton avantage, tu fais des trucs que les autres ne font pas, tu te creuses un peu plus la tête déjà…
C’est là que je trouve la motivation et l’envie de continuer à prendre des risques justement. Mais innover, ça ca demande pas mal d’entrainement.
Et pourquoi les autres n’innovent pas autant ? Pourquoi ils ne prennent pas autant de risques à ce niveau là ?
En fait je suis pas le seul à inventer des figures et heureusement mais j’essaie d’avoir une longueur d’avance. Dès que j’ai une figure, je travaille dessus, j’essaie de la poser pour être le premier mais je sais que certaines fois, il y a d’autres pilotes qui travaillent dessus et qui n’arrivent pas à poser la figure avant moi. C’est un peu la course à celui qui posera la nouvelle figure donc certaines fois j’ennuie un peu les autres parce que je pose la figure avant mais c’est le but du jeu quoi…
Et dans cette partie un peu créative, d’où te vient l’inspiration ?
L’inspiration, c’est ma façon de voir le sport, de constamment réfléchir des que je pose une nouvelle figure, il faut que je passe à autre chose. Evidemment là j’ai des démonstrations, des obligations et il faut poser des tricks que je sais faire donc je dois continuer à les travailler pour ne pas prendre de risques. Mais dés que j’ai un temps libre, c’est pour travailler de nouvelles choses bien sur.
Ces nouvelles choses, elles viennent d’ou ? Est ce que tu vas les piquer au BMX, au VTT, au snowboard ou tu vas chercher l’inspiration dans un autre sport ?
Il y a beaucoup de figures que j’ai découvert par le BMX bien évidemment. Maintenant en aillant un niveau assez conséquent et suffisant sur la moto j’arrive à trouver mon inspiration en fonction de ce que je sais faire, en me disant maintenant il est temps de passer à deux rotations au lieu d’une, il est temps de passer à plein de choses comme ça, j’arrive à trouver ma propre source d’inspiration en fait…
C’est quand même un sport super dangereux sachant ce qui s’est passé avec ton frère. Tas pas trop peur ? Tu n’as jamais un doute ?
Si. Il y a souvent des doutes, mais quand on est démo et bien il y a un moment où on a plus trop le choix, on est à un point de non retour et faut y aller. C’est aussi pour ça qu’on vient sur les démos, pour se mettre en danger, pour être confronté aussi à nous même parce qu’il y a des fois à l’entraînement, on a pas envie d’y aller, on a peur et on sait que le jour J on n’aura pas le choix? c’est aussi pour ça que j’accepte certaines démos en acceptant certaines figures, c’est aussi pour me mentir à moi même en me disant que je le ferais pas mais quand je suis face à la rampe, j’y vais quoi !
Pourquoi le Finistère Show ?
Le Finistère show parce que c’est vraiment un show qui a commencé quand je débutais la moto ? C’était dans mes premières années de moto et puis le show évoluant énormément, on a continué à venir et on a vu que ces gens passionnés étaient toujours à l’écoute de nos demandes. Et des gens qui répondent à tes souhaits c’est énorme parce que ce ne sont pas des promoteurs, ils sont pas là pour gagner de l’argent, ils sont juste là pour le bien du sport. Et créer un show assez énorme qui soit aussi bien pour le vélo que pour la moto avec les pilotes des X-Games ici à Quimper donc au fin fond de nulle part, c’est assez dingue et je pense qu’ils ne vont pas s’arrêter là.
Un petit mot sur ton année 2016 ? Il s’est passé pas mal de choses.
Ouais, l’an dernier je suis tombé lors de la finale des Redbull X Fighters donc j’ai perdu le championnat, j’ai perdu le titre. Sachant que j’étais déjà à me poser des questions sur la suite de ma carrière en me demandant si je devais continuer la compétition… Et je suis reparti pour une année, tant bien que mal. J’ai quand même lutté parce que j’avais un peu moins de motivation. Je suis arrivé à Madrid remonté enfin à fond et j’ai gagné. 4 fois maintenant de suite à Madrid et ça a été assez surprenant. J’ai été cherché une médaille aux X-Games donc ma deuxième médaille, à 31 ans, voilà je pensais qu’à 30 ans on était foutu. Et c’est là où on est les meilleurs je pense.
Oui je peux te confirmer que t’as bien 15 ans encore devant toi !
Ca fait plaisir à entendre. Cette victoire à Madrid a été difficile, je l’ai mal vécue avant parce que je me suis imposé des séances d’entrainement assez extrêmes, beaucoup plus qu’avant parce que je vieillis, je prends moins de risques mais donc faut que je roule beaucoup plus pour valider les choses. Et j’ai passé presque 5 à 6 heures sur la moto par jour. Je suis arrivé à Madrid, j’ai raté ma qualif un peu stressé et j’ai été me coucher en me disant que de toute façon demain ce serait pour moi. Je suis arrivé le lendemain et c’était pour moi. J’ai pris tous les risques, je me suis dis de toute façon à chaque saut je peux tomber donc j’ai pris encore plus de risques et c’est passé…
L’année qui vient, tes projets ?
L’année prochaine, mes projets sont assez flous encore parce que Madrid n’était qu’il y a que trois mois. Je pense continuer finalement mais sur une lancée un peu différente. Je vais repartir sur un format démo, rouler, repartir au contact du public que je vois de moins en moins sachant que je m’entraine trop. À l’entraînement, peut-être moins travailler les acquis pour gagner les compètes mais travailler les nouvelles choses donc ca va être assez intéressant, ca va certainement me pousser un peu plus loin sur les compétitions parce que j’aurais moins un niveau complet mais je vais essayer d’avoir des choses un peu nouvelles et aller les faire au coup par coup sur les contests.
Et tu disais que justement tu ne faisais pas que de la motocross, tu faisais un peu de basejump, que tu étais un peu passionné par ça. T’en as fais encore un peu cette année ? Tu as eu le temps ?
Ouais, j’ai sauté en parachute récemment. Alors moi ce n’est pas vraiment du basejump parce que je n’ai pas le niveau encore, mais je saute d’avion. Ouais cette année j’ai du faire au moins une trentaine de sauts, et c’est pas mal. J’aimerais en faire beaucoup plus, je vais voir l’année prochaine si j’ai plus de temps mais j’aimerais pousser aussi dans cette direction là. Même si ce sont des sports dont on peut pas vraiment vivre. Au moins, essayer de voyager un peu et d’arriver à sauter de falaises et d’essayer de faire du base-jump un peu, ca me plairait d’essayer. Quand je vois les spots en Norvège etc. Surtout avec mes potes Vince et Fred ce serait une belle chose à venir.
Si tu sautes avec la moto tu nous préviens qu’on vienne filmer quoi !
Mais je pense qu’on va essayer, avec Vince. Je sais que Vince veut faire un tandem flip avec moi sur la terre en FMX lancé par une rampe. Il veut pas le faire tout seul mais il m’a dit « si tu m’emmènes, j’y vais ». Donc j’ai déjà l’équipement pour lui. Mais ca pourrait être cool de faire ca aussi, de mettre une rampe dans un canyon à la Travis Pastrana avec Vince.
Ouais parce que le problème c’est qu’après la moto elle tombe quoi !
Ouais mais je suis prêt à investir. Je pense que le plus compliqué c’est surtout les autorisations.
Faut pas les demander ! Tu sais que si tu les demandes, tu ne les auras pas. Faut y aller quoi !
Je note, je note.
Si on commence à demander on fait plus rien.
Ca devrait être sympa, surtout que lui maintenant est Jetman donc pourquoi pas l’emmener avec son aile derrière moi en moto quand je tourne il décolle. Je sais pas mais il y a un truc à creuser. Je vais lui en parler d’ailleurs, s’il lit l’interview, il va découvrir mon projet.
Pour finir, tu me disais la dernière fois qu’on c’est vu que c’était pas génial la motocross pour pécho avec les filles. Est ce que ca a changé depuis ?
En BMX je sais que c’est pas mal, je vous ai vus à l’oeuvre mais le BMX c’est bien plus populaire et je pense que le plus facile c’est pour les Skateurs. Quand t’es bon skateur, un Sheckler ou un Houston, ça galère moins quand même.
Mais ca fait rêver la moto, je ne comprends pas.
Ca fait rêver, ça fait rêver… Comme ici au fin fond d’un champs quoi… Donc c’est ça qui est compliqué, on n’est pas en plein centre de Paris, une bonne zone de flat, c’est quand même mieux. C’est quand même bien plus facile, tu mets la casquette devant comme ça en plus tu récupères quelques pièces, tu peux aller boire un café, inviter ta copine. Matthias si tu m’entends, j’arrive !
Est ce que tu as quelques choses à rajouter, un truc à dire, un coup de gueule ?
Un coup de gueule ? Bah les filles justement en parlant de ça. Qu’est ce que vous foutez ? Vous êtes où ?
Photos © RedBull