Japon VS le reste du monde

Que ce soit aux X-Games, FISE, JO, Worlds ou n’importe où, si un japonais est dans les parages et qu’il n’y a pas de magouilles de juges, on sait déjà qui sera sur le podium.   Aussi adorables que surdoués, leur gentillesse n’a d’égal que leur talent et pourtant ils dominent le monde.
Mais là, ça en devient ridicule. On va vraiment devoir trouver une solution pour arrêter de se taper la honte à chaque compétition internationale.  Doit-on en arriver à exclure les japonais des contests ? Oui on parle bien des japonais là, ceux qui nous mettent une race sur tous les events mondiaux et tout ça en restant humbles et polis…c’est énervant.  On va finir par créer une catégorie spéciale juste pour les japs et comme ça, les participants des autres pays pourront avoir une chance sur le podium.
Mais ils mettent quoi dans leur Chocapic ? Comment font-ils pour aller si loin dans l’exploration des limites du BMX ?
Le meilleur des non-japonais est à des années lumières des riders venus du pays du soleil levant. Et pourtant on en a des bons, voire des très bons, que ce soit aux US avec Terry Adams ou au Canada avec Jean-William Prevost et chez nous en France, Alex Jumelin et Raphaël Chiquet qui sont probablement les flatlanders les plus influents du globe mais rien à faire, on est encore loin des Moto Sazaki, Kio Hayakama, Masato Ito, Yu et Ryo Katagiri, Yohei Uchino, Hiroya Morizaki, Takumi Isogai, Takahiro Ikeda, sans oublier Akira Okamura… et la liste est longue, très longue. Que ce soit chez les enfants et les moins de 10 ans, ils réussissent des prouesses inconcevables pour leur âge (Ryuya Kanamoto par exemple) et aussi chez les girls (Carin Hommura, Sariya Kajiwara, Kirara Nakagawa ou Yui Kiyomune entre autres) avec un niveau plus qu’impressionnant.

Les gars bossent comme des tarés et méritent leur place de leader au classement. Il n’y a pas de vol ou d’injustice, et c’est là le drame. C’est qu’on ne peut rien dire, juste admirer les gars en action et prendre une leçon et une claque au passage.
On est dans la difficulté la plus extrême qui soit, toujours sur le point de rupture mais ça passe et ça flingue. Avec du style en plus, il faut bien le reconnaitre. On ne peut que s’incliner et les féliciter car le travail paye et la confiance en soi aussi.
Moto Sasaki vient tout juste de remporter les Worlds 2022 de BMX à Abu Dhabi en flat et Rimu Nakamara en park. Une nouvelle preuve de la suprématie incontestable des japonais en BMX. Mais ils excellent aussi en skate, en roller et quasiment tous les sports urbains pour peu qu’ils aient envie d’y consacrer du temps.
On peut critiquer longtemps mais objectivement, on n’a rien de constructif à leur reprocher car ils sont bel et bien au dessus et nous font rêver avec leurs performances hors-normes. On peut juste tenter de trouver une raison à ce succès bien mérité.

On va éviter de faire des généralités et d’avoir des préjugés ou à-priori mais il faut reconnaitre qu’ils sont très consciencieux et qu’ils vont jusqu’au bout de leurs objectifs sans en dévier. Comme je disais plus haut, le travail paye toujours et quand on s’en donne les moyens et ça finit par marcher. Les mauvaises langues (qui se reconnaitront) disent qu’ils s’entrainent 12 heures par jour mais si on se rappelle bien, Kevin Jones et Chase Gouin en faisaient autant dans les années 90 et on connait le résultat.

J’ai eu la chance d’aller rider à Tokyo et de participer aux contests japonais et si on peut trouver des raisons à leur niveau impressionnant, je dirais que d’une part, ils ont la chance d’avoir beaucoup de bons spots et ça aide pas mal. Mais surtout selon moi, c’est le fait que le nombre de riders est lui aussi démesuré ! Oui car sur chaque spot, vous ridez avec des dizaines, voire centaines de concurrents potentiels. Donc pour se démarquer, faut y aller fort et pas qu’un peu. En France on est 3 au max sur un spot mais la plupart du temps, on est seul donc ça motive moins et ça oblige moins à repousser ses limites et balancer du lourd. Quand on doit battre 200 gars en compétition, ça force à aller plus loin que les autres donc les japonais n’ont pas vraiment le choix pour sortir du lot. Et quand ils se retrouvent devant des européens ou américains avec des scènes moins développées, la victoire est assurée tant leur niveau est élevé.
Et tout cas, on reste émerveillés devant leur courage, leur détermination, leur dévotion et leur implication sans limite au BMX qu’ils élèvent sans relâche.

📷 Photos : The Agency ©UCI

 

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Entretien avec Aude Cassagne