Cet article va tenter de répondre à la question qui est posée de savoir pourquoi on voit des sports extrêmes partout maintenant, pas de savoir pourquoi on pratique les sports extrêmes car j’ai déjà publié beaucoup d’articles à ce sujet.
Vous avez dû voir cette publicité pour la nouvelle Ford Puma passer sur vos écrans depuis quelques semaines. Une de plus vous me direz car aujourd’hui ça ne choque plus personne de voir du skate, du BMX, du snowboard ou du surf à la télé. Il n’y a pas une pub, un clip ou un événement sans un sport de glisse dedans et c’est une très bonne chose pour nous.
Il y a quelques temps, je voulais m’acheter un appareil photo et j’ai été surpris de voir que sur la présentation du modèle que j’avais choisi, il y avait un certain Matthias Dandois en double page pour faire la promo de l’appareil Fujifilm. Ensuite je me promène et je vois mon autre pote Joris Bretagnolles qui tourne dans une télé pour une pub dans un magasin Celio puis je me dirige vers une boutique G-Shock et c’est mon collègue espagnol Viki Gomez qui apparaissait dans la publicité de ses fameuses montres. Depuis un mois, on peut aussi voir un type en manual sur toutes les vitrines des boutiques Uniqlo et dans tous ces exemples là, je ne parle que d’une discipline et d’un seul sport, le BMX Flatland.
Je suis également rider pro en BMX et j’ai de plus en plus d’appels pour ce genre de prestations (voir tout en bas, une pub pour Vans et Courir tournée il y a quelques mois) et si nos sports sont aujourd’hui omniprésents dans les médias, il y a plusieurs raisons à cela. Je ne vais pas vous faire une liste de tous les clips, pubs ou films avec des sports extrêmes sinon on va y passer la nuit mais je me suis demandé pourquoi on en voyait partout de nos jours.
Les sports extrêmes sont fun
Je l’ai déjà dis des centaines de fois dans mes articles mais pour moi, si ces nouveaux sports sont aujourd’hui utilisés partout c’est essentiellement pour leur image fun, rebelle et avant-gardiste. À l’instar de la marque de luxe Louis Vuitton, tous ceux qui veulent se donner une image branchée et tendance font désormais appel aux sports de glisse. Même des marques qui n’ont rien à voir avec nos sports se servent de cette image underground et moderne pour vendre leurs produits. J’ai personnellement fait une pub pour une voiture (la Nissan Qashqai avec Alain Mouton) et je connais une skateuse qui a fait la pub pour un tampon hygiénique donc on sert vraiment à vendre tout et n’importe quoi maintenant 🙂
Justine Dupont qui vient de signer chez Breitling est un parfait exemple. Les marques surfent sur la tendance et savent qu’il suffit d’ajouter un skateur dans la pub pour toucher tous les publics qui vont s’identifier à ces nouveaux héros urbains. Car le skate est un sport qui aide à dépasser ses limites et prendre des risques donc ceux qui le pratiquent sont admirés par tous, et pareil pour le surf, le parkour, le basejump…. On est plus classe avec un cruiser à la main qu’avec un ballon.
Il suffit de regarder combien Red Bull investit dans les sports extrêmes dans l’unique but de vendre des canettes pour comprendre que ça doit être bien rentable comme opération niveau marketing.
De plus, à l’instar de Justin Bieber beaucoup de stars adoptent la skate-attitude pour se la jouer branché et plaire aux jeunes et cela participe pleinement à la démocratisation de ces sports modernes.
Des sports de moins en moins extrêmes ?
Les technologies évoluent, que ce soit en surf avec les air-bags intégrés dans la combi ou les répulsifs anti-requin, en ski avec les dispositifs anti-avalanches ou les protections de sport urbains nouvelle génération, il est de plus en plus facile (en apparence) de se mettre aux sports extrêmes. Et avec des normes de sécurité de plus en plus strictes, des sports ou loisirs comme le parachutisme ou le rafting deviennent maintenant accessibles à tous avec de moins en moins de prises de risques au final. Je suis prof de sports urbains à Paris et j’ai de plus en plus d’élèves depuis quelques années, ça cartonne même. Et surtout les parents me ramènent des enfants de plus en plus jeunes. J’ai eu des gamins de 3 ou 4 ans qui viennent apprendre le BMX ou le skateboard en skatepark, des sports très accidentogènes et pourtant cela n’effraie pas le moins du monde les parents car nous avons de très bonnes protections maintenant.
Les sports extrêmes sont rentrés dans les meurs, un enfant vient tester le BMX comme s’il venait essayer le ping-pong alors que je vais le faire descendre d’une rampe de 4 mètres et qu’il peut se casser une jambe mais ça ne choque pas plus que ça !
Les sports extrêmes font leur entrée aux JO
On avait déjà le snowboard et le ski freestyle mais là c’est un raz de marée qui débarque. Le BMX Freestyle, le skateboard, l’escalade et le surf seront présents aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 puis à Paris en 2024. D’autres sports comme le parkour, le longboard ou le BMX flat devraient aussi faire leur apparition prochainement, une fois qu’ils auront trouvé un accord avec les différentes fédérations. Avec forcément une couverture et une exposition médiatiques impressionnantes qui vont faire connaitre ces sports au monde entier. Et si vous ne me croyez pas, demandez vous quand vous voyez du curling ou du lancer de poids ailleurs qu’aux JO ? En plus de ce dispositif qui va promouvoir nos sports considérablement, cela va créer un nouveau levier de développement incroyable pour les clubs et associations. Cela a déjà commencé et c’est une des raisons qui font qu’on parle de plus en plus du skate, du BMX et du surf dans les médias traditionnels aujourd’hui. Et à partir du moment où il y aura les bonnes personnes aux bons postes qui feront en sorte de garder l’esprit et l’âme du sport intacts, cela devrait définitivement installer les sports extrêmes dans les mentalités et ces sports ne seront plus considérés comme alternatifs ou undergrounds.
Les réseaux sociaux et la surenchère de l’image
La chasse aux vues sur Youtube, aux followers sur Twitter ou aux likes sur Instagram a commencé il y a quelques années et elle bat son plein aujourd’hui. Et dans cette guerre de l’image, c’est celui qui ira le plus loin qui sera le plus encouragé avec des pouces bleus ou des coeurs rouges. Pour certains, c’est un véritable travail et une bonne source de revenus. Et comme son nom l’indique, le sport extrême est ce qu’il y a de mieux pour montrer qu’on n’a pas froid aux yeux. Une fois qu’on a montré les plus beaux endroits du monde et ses fesses (ou ses abdos si vous êtes un garçon), alors il faut se tourner vers les sports à sensations fortes pour prouver qu’on a peur de rien et chercher du like. Défier le danger, repousser ses limites, prendre des risques et se procurer des sensations fortes est quelque chose qui plait aux internautes donc une bonne opportunité pour les instagrameurs et influenceurs qui cherchent à se faire connaitre. Et ce qu’il y a de bien avec les sports de glisse c’est qu’en général, les images sont spectaculaires et souvent dans des décors époustouflants ou en harmonie avec la nature, tout ce que recherchent les amateurs de belles photos et ceux qui les publient sur les réseaux sociaux.
Plus de spots donc plus de riders
Les sports de glisse se démocratisent et avec cet engouement, il y a plus d’écoles de surf, SUP ou bodyboard sur les plages, plus de snowparks à la montagne et plus de skateparks dans les villes. Avec toutes ces infrastructures nouvelles, il est plus facile de trouver un spot donc ça aide à débuter en skate, surf ou autre. Autrefois, les parents emmenaient leurs enfants au square et maintenant, il n’est pas rare de les voir en famille avec leur trottinette freestyle dans un skatepark. Des écoles pour apprendre le parkour ont ouvert en France et pareil pour le longboard dancing (avec la Dock session), ces nouvelles disciplines du ride urbain. Les sports extrêmes deviennent plus accessibles au grand public et séduisent autant les enfants que les parents car c’est de plus en plus sécurisé avec un encadrement responsable et des moniteurs diplômés.
Des sports de moins en moins jeunes
Si vous avez plus de quarante ans, les sports de glisse sont quelque chose que vous découvert quand vous etiez ado et vous avez probablement oeuvré pour les populariser car vous les avez vu naitre et se développer au fil des années. Mais si vous êtes nés au 21e siècle et que vous êtes un millennial de la génération Y, alors vous avez toujours vécu avec ces sports et donc vous n’avez pas eu à vous y habiter. Ils ont toujours été là et rien de surprenant pour vous d’en voir partout et d’en balancer dans vos posts sur les réseaux. Ces sports d’action sont maintenant tombés dans le domaine public et pour les plus jeunes, ils ont autant de légitimité que le tennis ou le rugby car le BMX, le skate, le snowboard ou le surf ne sont plus si jeunes et on est déjà à la seconde, voire troisième génération de riders qui le pratiquent. Mon pote Alex Jumelin partage même un podium aves ses fils donc c’est bien qu’on a plusieurs générations pour ces sports et qu’il n’est plus choquant d’en voir aujourd’hui dans les clips, pubs, films et même aux JO.
Synonymes d’adrénaline, les sports extrêmes font désormais partie du paysage en France et partout dans le monde car ils plaisent avant tout aux enfants qui aiment faire des acrobaties puis en grandissant, ils se passionnent par une discipline et finissent accro à vie. J’en sais quelque chose…
Photo du haut : © Tristan Shu pour Fujifilm