J’avais écrit il y a une vingtaine d’années qu’il existe autant de définitions du freestyle qu’il y a de freestylers. Aujourd’hui encore, chacun a sa propre vision du ride et c’est très bien ainsi.
Pour certains, la pratique d’un sport extrême est simplement l’occasion de faire du sport, avec un poil plus de sensations et de risques mais un sport quand même. Comme on va à la salle ou taper dans un ballon. Juste la possibilité de se dépenser et bruler des calories pour avoir un corps en béton. Chacun son truc après tout mais cette vision existe, j’en connais qui privilégient le muscle saillant à tout autre chose. Summer body avant tout 🙂
Pour d’autres, c’est un moyen d’expression artistique pour satisfaire sa créativité (voir article dédié). En misant tout sur l’originalité, il est possible de cultiver ses différences et se démarquer dans certains sports. Notamment dans les sports freestyle, ça tombe bien. Ce rider ne verra que l’art dans ce loisir, et le coté sportif sera la cerise sur le gâteau pour joindre l’utile à l’agréable. Dans certaines disciplines (bmx flatland, longboard dancing, breakdance…), c’est justement la créativité qui est récompensée, bien avant la performance et la réussite.
Nous avons aussi un cas de riders qui voient là un moyen simple de se montrer et se mettre soi-même sur un piédestal. Le coté showman est mis en avant. Plus proche de l’esprit du circassien que de la culture rider, ce gars affrontera ses peurs pour faire une démonstration de ses talents devant la foule et s’en nourrira. Le show représente une grande partie des revenus de certains riders et pour beaucoup, une façon unique de se mettre en avant. Ce qui est également un réel exutoire pour des personnes timides ou introverties.
Nous avons aussi le compétiteur. Quel que soit le sport, le but est de gagner. La victoire avant tout comme seule motivation. Le corps d’athlète ou le respect des autres qui te considèrent comme un pionnier, c’est bien mais ce n’est rien face à la sensation d’avoir écrasé tout le monde et d’être monté sur la plus haute marche du podium, la bave aux lèvres. Le second c’est un con disait Stallone. Certains riders ne s’entrainent que dans le but de réussir leurs runs et gagner les compétitions. C’est le cas d’une grande majorité et ça peut se comprendre car en général c’est le premier qui récolte les sponsors et les regards envieux.
Il en découle une autre motivation : l’argent. Je connais des riders qui ont fait ce sport uniquement pour le fric. Pas le moindre sourire quand ils ont réussi un trick impossible ou gagné un contest. Juste le prize money et les primes comptent. Les shows sont souvent bien payés et les bonnes places sur le podium aussi donc ça suffit à trouver de bonnes raisons de s’entraîner. L’amour du sport, la passion ou la créativité, ça passe après la monnaie…
On passe à une autre catégorie, les poseurs. Les gars qui ont le matos, le style, le look et tout l’attirail mais pas le niveau. Peu importe tant qu’on fait partie d’une communauté branchée et fun. Le sweat Thrasher et les Vans qui vont bien, histoire de montrer qu’on fait partie de la famille. Ces types sont principalement ceux qui font vivre le commerce des sports de glisse donc ne vous moquez pas car ils investissent beaucoup d’argent dans le matos et les fringues de marque. Et surtout ils sont très présents sur les réseaux sociaux donc ils participent pleinement à faire vivre le sport. Même s’ils n’osent pas prendre de risques quand ils rident ou qu’ils n’ont pas un centre de gravité très bien placé et donc un équilibre précaire, ils font partie des riders. Et on est pas là pour juger parce qu’il y a toujours un gars qui est largement plus fort que vous ou qui le deviendra.
Pour d’autres, la pratique du skate, du BMX, du surf ou du ski est un défouloir pour les accros à l’adrénaline. Pour sortir tout ce qu’on a d’enfouit en nous et nous permettre de dépasser nos limites et sortir de notre zone de confort. Oser prendre des risques permet d’avoir confiance en soi et maitriser les choses. Ça fait du bien quand on a réussi quelque chose qu’on pensait impossible. Le moral est au beau fixe et en général, le reste suit. Quand on a su faire preuve de persévérance (voir article) et qu’on a fini par vaincre sa peur et remporté la bataille, cette sensation n’a pas de prix, croyez-moi.
Et puis il y a ceux dont je fais partie. Ceux qui vont sortir le bike ou la board pour s’éclater et passer du bon temps avec les potes. Le fun, la rigolade et les bons moments. Cela n’empêche pas de prendre des risques et de se faire mal parfois mais c’est pour la bonne et la meilleure des causes : les défis entre potes ! La fierté d’avoir réussi une figure compliquée devant les autres, ça vaut bien le coup de passer du temps dessus. Je suis beaucoup plus nostalgique des moments passés avec mes amis que toutes autres choses. L’insouciance des premières années de ride, sans les sponsors ou les contests, juste le plaisir de rider et de partager dans une ambiance détendue. Ensuite, on se professionnalise et on apporte sa pierre à l’édifice mais rien ne remplacera ces sessions qui laisseront des souvenirs impérissables.
Pour la plupart des riders, la vision ne se limite pas à un seul de ces paragraphes. C’est un mix et chacun a sa propre formule et son pourcentage de motivation. 10% de créativité, 30% de showman, 40% pour le sport… chacun décidera mais posez-vous la question pour savoir où vous vous situez. Perso, je sais déjà que je suis à 0% de compétitivité car je déteste les contests et je n’ai eu aucun sentiment positif lorsque j’ai pu en gagner un.
Et vous quelle est votre définition du ride ?
ARTICLE SUR LE MÊME THÈME